Tout ce dont on rêvait

ROUX François

Justine, jeune infirmière dans un service psychiatrique, déçue par onze années de cafouillages sentimentaux, s’entoure d’amis homosexuels et règne sur eux en petite princesse délurée, toujours prête à boire et danser jusqu’au bout de la nuit. Justine traque néanmoins l’homme qui saurait la satisfaire… Une nuit  dans un bar elle flashe sur deux frères. L’un sait la séduire et l’embarque dans une liaison torride et éphémère dont elle ne se remettra jamais tout à fait… Pourtant c’est l’autre, l’aîné, réellement amoureux d’elle, qu’elle épouse. Sa tendresse attentive la rassure et l’émeut, elle qui a tant manqué d’amour paternel. Le couple, leurs deux enfants se sont installés dans un bonheur tranquille. Mais Nicolas perd, à quarante-neuf ans, son poste de directeur administratif et financier dans un grand groupe hôtelier. Commence alors une lente déconstruction faite de désillusions, de comportements inconséquents et d’errances. Comment vont évoluer les relations familiales dans cette tourmente ?  Après Le bonheur national brut (NB novembre 2014), François Roux poursuit cette fois sur une vingtaine d’années une étude sociologique et psychologique très fouillée, caustique et incisive de personnages ancrés dans l’époque actuelle. Une période marquée par le désarroi face à la politique, la montée du FN, la précarité, et l’angoisse après les attentats terroristes de 2015. Si les conséquences humaines du chômage, thème central de ce roman, sont à l’évidence dans toutes les consciences, le portrait par petites touches de ce couple déstabilisé est d’une troublante acuité. Tendresse bafouée, jalousie, dépossession, pudeur, sens du devoir, tout se joue dans l’ambiguïté, les mystères et les ressorts insoupçonnés de l’intimité conjugale… Et seule la plume d’un grand romancier et connaisseur de l’âme humaine est capable d’entraîner dans de tel méandres. Impressionnant !