Texas marijuana et autres saveurs

Terry Southern, décédé en 1995, est l’auteur de Candy, le scénariste de Easy Rider, etc. Il a une manière bien à lui de captiver le lecteur : chaque récit, d’un humour sinistre et d’une intensité maximale, est pris sur le vif, comme enregistré par un observateur impassible, ou narré directement dans son langage par un narrateur. Les années soixante, celles de la Beat Generation avec sa contre-culture et son usage expérimental de la drogue, y impriment leur marque, désormais légendaire. Ces histoires impitoyables restituent dans leur vérité aussi bien le Sud profond, sa brutalité fruste, ses nègres et ses « petits blancs », que les bureaux de la Nasa, les terrains vagues où s’affrontent les bandes d’adolescents, le métro ou les quartiers « intellos » parisiens. Le ridicule d’une école de majorettes succède au réalisme terrifiant, style Buñuel, d’une virée au Mexique. La mort est souvent présente, inutile, grotesque et le lecteur ressort décapé de cet univers qui laisse peu de place à l’espoir. Mais n’est-ce pas la marque d’une efficacité littéraire de première grandeur ?