Tempête

Dans le quartier résidentiel d’une ville ordinaire, où tous les jours sont tristes et pesants, des parents organisent une réception pour les 12 ans de leur fils. Alors que les gens bien habillés discutent dans le jardin, des phénomènes étranges commencent à se produire. Malgré l’absence de vent, les nappes se gonflent et les petits fours s’envolent, le tailleur de la directrice d’école se tranforme en foureau panthère, les protestations du père se muent en roucoulades de chanteur d’opérette. Le garçon et sa soeur se mettent à l’abri dans la maison, mais même là, les canards sortent des rideaux et les cheveux de la fillette poussent démesurément…Sur le thème classique de la critique du monde des adultes (visuellement très années 50), l’album innove en imaginant un épisode fantastique, une Tempête brève mais foudroyante qui distord la réalité grise en un arc-en-ciel d’exubérance. Racontée par le garcon, dans un style sage (comme lui!) et descriptif, cet événement prend toute son ampleur grâce aux images d’Audrey Spiry, dans un usage époustouflant de la palette graphique. Les grandes illustrations pleine page, qui parfois se déploient sur trois ou quatre panneaux, passent progressivement de nuances ternes à une explosion de couleurs vives. Les couleurs s’insinuent, coulent, déforment la réalité en une explosion « fauve » de toute beauté.  (M.D.)