Son royaume

HAN HAN

Dans la petite ville chinoise de Tinglin, Xiaolong parcourt les rues Ă  toute allure sur sa moto. La jeune Niba est amoureuse de lui, mais il n’a d’yeux que pour une chanteuse plus dĂ©lurĂ©e. Son poste de gardien dans un parc de sculptures quasiment abandonnĂ© lui laisse beaucoup de loisirs pour observer la vie locale. Pour promouvoir une activitĂ© culturelle les autoritĂ©s lancent un concours de chorales, sponsorisĂ© par l’imprimerie locale, particuliĂšrement polluante. Lorsque les animaux se mettent Ă  muter et grossir au-delĂ  des normes, Tinglin obtient une cĂ©lĂ©britĂ© passagĂšre. Ce roman Ă©crit Ă  la premiĂšre personne paraĂźt banal au premier abord. Il s’agit en fait d’une satire virulente des maux qui accablent la Chine : corruption gĂ©nĂ©ralisĂ©e, pollution effroyable, appĂąt du gain, Ă©goĂŻsme. Han Han, nĂ© en 1982, trĂšs connu pour son blog provocateur, avait dĂ©noncĂ© dans son livre prĂ©cĂ©dent (1988 : je voudrais discuter avec le monde, NB juin 2013) ces mĂȘmes tares, mais avec une touche plus lĂ©gĂšre. Ici la critique se fait plus acerbe, l’humour plus corrosif. L’histoire de ce benĂȘt, obsĂ©dĂ© par la moto et la vitesse se veut amusante pour masquer une critique en rĂšgle de la sociĂ©tĂ© chinoise et jongler avec la censure. (D.C. et M.S.-A.)