Si près

CIXOUS Hélène

C’est par le truchement de la littérature qu’Hélène Cixous renoue avec le mot Algérie. Si près, à la fois rapproche et sépare. Entre elle et ce pays abondent les souvenirs écrans. « J’irais en Algérie » lance-t-elle à sa mère comme on se jette dans le vide ; un postulat fait de sous-entendus et d’omissions dévoilés par le texte lui-même. L’auteure délie les mots et déconstruit l’écriture, accélère le phrasé au fil des chapitres, à mesure que le voyage approche. Elle ouvre des portes qu’elle seule est apte à franchir, laissant sur le seuil un lecteur fasciné autant que dérouté avant de le reprendre, apaisée, consolée. Si près, comme le cyprès du cimetière où elle accepte enfin que repose son père. Ce livre incantatoire, tout traversé par l’image du père, est un combat entre oubli et « désoubli », comme si la frontière était aussi dans le verbe. Après Hyperrêve (NB décembre 2006), un récit exigeant, nouveau dialogue avec la mort, qui impressionne par la force de l’écriture.