Sept mensonges

LASDUN James

Pourquoi, dans un cocktail new-yorkais, une femme inconnue jette-t-elle un verre de vin Ă  la figure du narrateur ? Cet incident humiliant le renvoie Ă  sa jeunesse en Allemagne de l’Est. Dans une famille proche du pouvoir, sa mĂšre, frustrĂ©e et dominatrice, l’a poussĂ© Ă  adopter une personnalitĂ© fondĂ©e sur l’imposture. PoĂšte prĂ©tendu, il s’enfonce dans le mensonge et construit sa vie et ses amours sur ce fragile Ă©difice
 Mais bien Ă©videmment, le passĂ© le rattrape.

 

L’enfance du hĂ©ros, son anesthĂ©sie progressive face aux exigences maternelles et aux vexations de ses camarades, l’échafaudage Ă©prouvant de ses mensonges successifs, le grotesque des soirĂ©es culturelles familiales, la prĂ©tention intellectuelle de la jeunesse Ă©tudiante contestataire, le rĂ©gime est-allemand
 tout cela est dĂ©crit  avec une ironie ambiguĂ«, une cruautĂ© joyeuse et une finesse d’analyse dĂ©lectables. Le raccord final entre passĂ© et prĂ©sent du narrateur est plus artificiel, le montage en est compliquĂ©, presque laborieux. Les chapitres prĂ©cĂ©dents n’en gardent pas moins tout leur brio. L’homme licorne (N.B. fĂ©v. 2004) Ă©tait prometteur, James Lasdun atteint ici une virtuositĂ© dĂ©jĂ  bien reconnue aux États-Unis.