Roi.

BIERMANN Mika

Larth, jeune roi  âgé de 17 ans, règne sur Turpidum, la dernière cité étrusque. La reine mère agonise sans fin, tandis que la nouvelle, à peine sortie de l’enfance, n’est qu’une écervelée. Un sénateur escorté de dix légionnaires arrive, réclamant une contribution de mille hommes aux guerres romaines. Le lendemain a lieu la fête annuelle célébrant la mort glorieuse du père de Larth, dix ans auparavant. Un légionnaire doit affronter deux gladiateurs dans un combat à mort, une première dans cette cité paisible. Il devrait perdre mais gagne, et le roi, humilié et exalté, déclare la guerre aux Romains. Le roman se déroule dans un climat de fin de règne, hanté par la mort, par l’incertitude du destin, que l’on essaie de percer par la consultation des auspices et les appels pressants aux dieux. Les souverains sont trop immatures et ridicules pour être tragiques. Louvoyant entre les niveaux de langage, entre naturalisme, poésie et anachronismes, l’écriture se fait sensuelle, précise, crue, imagée, désinvolte ou triviale ;  les dialogues sont vivants, comme actuels. Fatalité, ironie, onirisme se côtoient dans ce drame fascinant teinté d’absurde, où le roi meurt faute de savoir vivre, où la brutale efficacité romaine balaie une douceur de vivre à la défense dérisoire, devenue anachronique. (M.D. et C.B.)