Reine Pokou : concerto pour un sacrifice.

TADJO VĂ©ronique

Petite fille, VĂ©ronique Tadjo, Ă©crivaine ivoirienne, Ă©tait fascinĂ©e par la lĂ©gende de la Reine Pokou. Cette femme, qui vĂ©cut au XVIIIe siĂšcle, remarquĂ©e pour son intelligence autant que pour sa beautĂ©, sacrifia son jeune fils, afin que son peuple puisse, au cours d’une guerre de succession, fuir sans encombre. Plus tard, vint pour l’auteur « le temps du questionnement ». Pour obtenir le pouvoir qu’elle convoitait, la Reine Pokou n’Ă©tait-elle pas prĂȘte Ă  tout ?

 

VĂ©ronique Tadjo, influencĂ©e par les rĂ©cents Ă©vĂ©nements survenus Ă  Abidjan, rĂ©invente la lĂ©gende de la Reine Pokou : elle Ă©voque aussi le sort des Africains qui, emmenĂ©s comme esclaves pour servir les Blancs, expriment leur douleur par des chants mĂ©lancoliques. L’art du conte que l’auteure maĂźtrise parfaitement exerce sa magie, mais cette lĂ©gende africaine pourrait dĂ©concerter le lecteur, tant est riche son imagination qui donne Ă  la Reine Pokou diverses facettes. De ces drames qu’ont vĂ©cus les Africains hier et aujourd’hui (cf. L’ombre d’Imana : voyages jusqu’au bout du Rwanda, NB dĂ©cembre 2000) Ă©merge un travail de rĂ©flexion qui donne Ă  ce conte noir une rare pesanteur.