Qui va loin, revient près

LÉON Christophe

Parce qu’il pense mourir bientôt, un Congolais confie sa fille Kimia, 9 ans, à un passeur, afin de lui assurer un avenir en France. Il ignore qu’elle sera vendue comme bonne à un couple de riches bourgeois parisiens. Sept ans plus tard, la timide fillette, devenue adolescente, a pris de l’assurance : elle rêve de sortir enfin de l’appartement où elle est confinée, ignorante du monde extérieur. Elle réussit à s’échapper, vit quelques mois chez un jeune Français, puis se fait arrêter. Sans papiers, elle est menacée d’expulsion…

 

Christophe Léon montre toutes les étapes de l’immigration clandestine, du passage au renvoi au pays d’origine, en passant par l’exploitation, la peur, la demande de régularisation, la détention… Il réactualise la lutte des classes: l’abus d’un côté, l’impuissance de l’autre, mais sans charger la barque du manichéisme. Les bourgeois, protégés, sont désignés par l’anonymat de Monsieur et Madame. L’écriture sèche, heurtée, parfois lapidaire, se focalise sur les faits et les éléments importants du décor. Cette économie de moyens n’empêche pas la sensibilité, et l’émotion est présente de bout en bout. La fin met en parallèle les malheureuses exactions de Kimia à Paris, miroir aux alouettes, et le retour en Afrique des expulsés: pas si mal lotis, finalement ?