Que notre joie demeure

LAMBERT Kevin

Montréal. Aux 60 ans de Dina, sa meilleure amie, la charismatique Céline, architecte passionnée et multimilliardaire au renom international, fait une apparition remarquée. Elle est au faîte de sa gloire : son agence a été retenue pour construire à Montréal le siège social de l’entreprise Webuy. Le projet est somptueux, novateur, écologique, social… Mais à la suite d’un article critique sur Céline paru dans le New Yorker, l’opposition s’élève : la ville connaît des problèmes de logement que cette construction aggrave. Le projet devient un emblème du capitalisme destructeur, et Céline un parfait bouc émissaire. Se considérant comme progressiste, elle ne comprend pas cette cabale.

Après deux romans consacrés aux catégories populaires, Kevin Lambert s’intéresse aux ultra riches, les multimilliardaires déconnectés des réalités. Ses longues phrases sinueuses, fluides et intenses, passent avec souplesse d’un personnage à l’autre, révélant ses pensées, son état d’esprit ; offrant ainsi des contrepoints au discours intérieur principal, celui de l’héroïne blessée dans son orgueil. Cette dénonciation de la gentrification des villes, de l’aveuglement des riches prompts à nier leur responsabilité sociale et à s’auto-justifier, porte sur l’exemple de Montréal : mieux vaut connaître la ville et s’intéresser à l’architecte contemporaine pour apprécier sa portée, même si le phénomène est mondial. Malgré ses qualités d’écriture, le roman trop bavard, aux thématiques connues, peine à passionner. (M.D. et J.G. )