Quand j’étais drôle.

TUIL Karine

Quand le roman s’ouvre, Jérémy Sandre, alias Jerry Sanders, attend de passer en jugement pour meurtre. À sa jeune avocate commise d’office qui veut tout connaître de sa vie pas mal ratée, semble-t-il, il raconte comment le talentueux humoriste qu’il était a subitement quitté la France pour aller tenter sa chance aux États-Unis au plus mauvais moment de la brouille entre les deux pays. Né d’un « accident » de contraception, Jérémy s’éloigne très tôt de l’indifférence d’un père, de la méchanceté de ses frères, d’un physique quelconque, par l’humour : rions et faisons rire de tout. Mauvais fils, mari volage, père à éclipses, affabulateur de première, lâche bien souvent et finalement raté à part entière, Jérémy ne parvient pas à être antipathique !

 

Et c’est bien là le talent de Karine Tuil qui prête à ce “looser” un ton désenchanté, un humour faussement involontaire, ravageur et particulièrement cruel quand il s’agit d’épingler le monde impitoyable du spectacle et des rapports humains complexes. Une analyse subtile déjà remarquée dans Tout sur mon frère (NB octobre 2003).