Pagne de femme

DIARRA Ousmane

Dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, dans une contrĂ©e africaine oĂč la vie s’organisait selon les croyances animistes, l’arrivĂ©e conquĂ©rante d’islamistes zĂ©lotes, « bailleurs de foi », puis de colonisateurs europĂ©ens et autres « marchands d’illusions » (politiques, syndicalistes
), va semer dĂ©solation, violence, corruption, petits arrangements en tous genres. Seul contre tous, le « vieux Mandiminko furibond » rĂ©siste pour sauver son peuple, devenu, dit-il, un « peuple de larbins rabougris ». Il mourra sans avoir vu le nouveau systĂšme vaciller.  Diverses voix narratives, chansons, formules magiques ou incantatoires donnent au rĂ©cit un rythme vigoureux un peu dĂ©jantĂ©… Des personnages, hauts en couleur, voire ubuesques dans leur noirceur ou leur grandeur, sillonnent le roman, laissant parfois le lecteur lĂ©gĂšrement dĂ©sorientĂ©. Comme dans Vieux LĂ©zard (NB mars 2006), le style est colorĂ© (souvent proche de l’oral), bigarrĂ© mĂȘme : le lyrisme y cĂŽtoie la dĂ©rision, les images rĂ©alistes, romantiques ou sensuelles sont mĂątinĂ©es d’expressions locales savoureuses, cocasses. Une lecture attachante qui ne sĂ©duit pas d’emblĂ©e, attire et dĂ©range Ă  la fois, comme ce « pagne de femme coquine, jamais vraiment attachĂ©, rien que pour embĂȘter les hommes ».