Oreille rouge.

CHEVILLARD Éric

Le Mali a invité le narrateur, écrivain très casanier, à séjourner dans un de ses villages, en « résidence d’écriture ». Va-t-il partir ? Il n’en a aucune envie mais l’Afrique, cela vous pose un homme. Il pourrait écrire un long poème, là-bas, au bord du Niger. Ce serait le Poème de l’Afrique. Inoubliable. Il part, il y est. Il achète un carnet recouvert de moleskine, veut à tout prix y enfermer l’essence même de l’Afrique, ses girafes, zèbres et hippopotames. Mais les hippos se font discrets et le baobab attendu lui cache la forêt. Pauvre Oreille rouge (son nom au Mali) qui s’étonne de ne pas entendre résonner en lui le coeur de l’Afrique !

Qu’est-ce qu’un écrivain qui voyage ? Un touriste, l’oeil toujours ouvert sur lui-même, transportant ses clichés pour les ajuster au pays qu’il visite. D’associations étonnantes en combinaisons fulgurantes, Éric Chevillard en dessine un portrait savoureux, inattendu et plein d’humour. Après l’excellent Le vaillant petit tailleur (N.B. nov. 2003), conte de Grimm revisité, ce contre-récit de voyage enchante par son style mordant et sa perspicacité ironique.