Oneiron : quelques secondes après la mort, fantaisie

LINDSTEDT Laura

Quand la jeune Ulrike arrive dans un étrange espace blanc, elle y est accueillie par six femmes. Polina, Russe, comptable et littéraire, passablement alcoolique, Wlbgis, retraitée hollandaise muette depuis une ablation du larynx, Maimouna, rêveuse beauté du Sénégal, Rosa Imaculada, métisse des favelas greffée du coeur, Nina impeccable Marseillaise, enceinte de jumeaux et Schlomith, New-yorkaise, anorexique, communiquent sans problème malgré les barrières des évidentes différences. Pourquoi ? Pourquoi elles ? Pourquoi, ici, dans ce lieu vide ? Chacune tente de dérouler son itinéraire… pour comprendre.    Laura Lindstedt, prestigieusement saluée en Finlande, ose un livre ambitieux sur un thème qui ne l’est pas moins, l’au-delà. Elle choisit de cibler quelques minutes après la mort. Après un court prologue d’un réalisme provocant et violent, elle spécule, avec une grande puissance narrative et une imagination fourmillante, sur une sorte de purgatoire surréaliste dans lequel la vie d’avant s’obstine à laisser des empreintes. Dans ce livre trop long à l’épilogue complexe, on note des pages perturbantes sur l’anorexie comme projet artistique. Mais on reste saisi par la richesse plastique d’une écriture donnant, tour à tour, dans la dramaturgie, la conférence, le conte, la poésie, le fantastique ou le documentaire. (C.R.P. et C.-M.T.)