Nulle part dans la maison de mon père

DJEBAR Assia

Esquisses d’un moi effacé, immobilisé sous des empreintes masculines indélébiles ? Assia Djebar, élue à l’Académie française en 2006, a écrit de multiples ouvrages : Oran, langue morte (NB mai 1997), La Femme sans sépulture (NB avril 2002). Avec ce livre mosaïque, elle reparcourt son enfance et son adolescence pour comprendre ce qui l’empêche d’avoir une place « … dans la maison de son père ». L’école du village, les demeures familiales, l’internat, la faculté d’Alger, marquent les étapes de son évolution. On voit la chaleur du nid originel relayée par l’extase de la lecture, la poésie et la musique… Son père, instituteur évolué et mari aimant, tout en favorisant ses études, reste le gardien intraitable de la pudeur de sa fille écartelée entre les siens et les Français, principalement en ce qui concerne son éducation sentimentale… Écrit dans un style recherché qui fait la part belle à l’introspection, ce roman autobiographique douloureux réinterroge sans fin le vice d’héritage de communautés séparées tant par la sexualité que par la langue. Un beau livre au plus près d’une âme.