Mémoires d’une vache

ATXAGA Bernardo

Mo est une vache basque née en 1940. Rudoyée par la voix intérieure de sa conscience, néanmoins  bonne conseillère, elle se met à écrire ses mémoires. Elle vit à Balanzategui, la ferme de Genoveva et du Bossu que surveillent de près les sbires d’un tueur, Lunettes Vertes. Mystère, mystère ! Qu’au milieu de grasses prairies, on gratifie régulièrement les bêtes, tantôt les rousses, tantôt les noires, d’un festin de fourrage… voilà qui intrigue Mo et son amie, La Vache(qui rit). Couverture ? Subterfuge ?

Donner la parole aux animaux utilisés par les hommes dans la gestion de leurs conflits, d’autres le font, Atxaga l’a déjà fait également. Il ne cherche pas à faire pleurer sur la condition animale ; il invente une histoire loufoque, qui rappelle Dada et l’Oulipo, où le monde, vu par la vache, révèle son absurdité. L’intérêt de l’intrigue est soutenu par l’utilisation de l’arrière-plan historique( les derniers soubresauts de la Guerre d’Espagne) habilement évoqué. Les personnages secondaires, grand-guignolesques ou simplement drôles, égratignent la religion, les traditions, la langue. Le récit est émaillé de trouvailles spirituelles : proverbes détournés et autres leçons de sagesse décalées qui concourent au plaisir de sa lecture. Roman sorti en 1994 chez Gallimard.