Maudite éducation

VICTOR Gary

Port-au Prince, années soixante-dix. Carl, treize ans, d’une timidité maladive avec les filles, assouvit ses pulsions sexuelles en se masturbant dans la bibliothèque paternelle, lieu interdit, ou auprès des prostituées d’un bidonville de bord de mer. Parfois, ces femmes lui racontent des histoires où le surnaturel se superpose à la réalité. Le jeune garçon, grand lecteur, est encouragé dans ses essais littéraires par son père. Lors d’un jeu organisé par la radio nationale, il correspond avec Coeur Qui Saigne, une jeune fille brisée par le suicide de sa soeur. Ces échanges prennent une importance inattendue. C’est le récit d’une adolescence placée sous le signe des livres et de la timidité, de relations père/fils entravées par un manque de communication, et le portrait sans aménité d’une société dominée par la peur, la violence, la pauvreté et la corruption. Dans une deuxième partie plus brève, la chronique d’une enfance sous les tontons macoutes laisse place à une aventure romantique tragique, moins convaincante car longuette et larmoyante. Fort heureusement, le début domine, porté par une écriture sensuelle et élégante et fait découvrir une ville et une culture meurtries et complexes, qui semblent, comme les héros, condamnées au malheur.