Massif central

OSTER Christian

Paul a ravi Maud Ă  l’amour de Denver, puis l’a quittĂ©e. Denver semble s’ĂȘtre accommodĂ© d’avoir Ă©tĂ© trompĂ©, au point de garder quelques mois une vraie complicitĂ© avec le couple. En revanche Paul a le sentiment qu’il va lui faire payer trĂšs cher cette nouvelle trahison. Ses craintes sont-elles fondĂ©es ? Dans le Massif central oĂč il court se cacher, la menace se prĂ©cise.  Étrange itinĂ©raire que cette fuite Ă©perdue de Paul, le narrateur, devant des indices tĂ©nus ou des Ă©vĂ©nements violents, sans liens directs, oĂč il s’obstine Ă  repĂ©rer l’omniprĂ©sence cryptĂ©e de son ancien rival. Est-il atteint de paranoĂŻa ? C’est la question que pose ce monologue hantĂ©, avec une habiletĂ© dĂ©routante. Par un maniement remarquable de la langue, l’auteur (La vie automatique, NB mai 2017) instille le doute au fil de longues phrases sinueuses, Ă©purĂ©es, oĂč l’obsession affleure sans livrer de rĂ©ponse. Mais le romancier veut aussi s’amuser. Il se fait mystificateur. Alors que les signes se multiplient, son hĂ©ros construit et dĂ©construit toutes sortes d’hypothĂšses sur diffĂ©rentes possibilitĂ©s, leurs ramifications et leur contraire. Un humour implacable, noir, incongru Ă©merge au sein de ces Ă©lucubrations qui dĂ©voilent – peut-ĂȘtre – le dĂ©lire. Un exercice de style Ă©tonnant. (A.Lec. et L.G.)