Six mois, six jours

TUIL Karine

À cause du nom qu’elle portait, l’hĂ©ritiĂšre de la premiĂšre puissance industrielle allemande se mĂ©fiait des sĂ©ducteurs. Pourtant, Juliana avait baissĂ© la garde et s’était laissĂ© envoĂ»ter, portĂ©e par le dĂ©sir et avide de reconnaissance, avant de capituler et de se donner Ă  Braun, dont elle ne connaissait rien ! L’atterrissage fĂ»t brutal, leurs Ă©bats avaient Ă©tĂ© filmĂ©s par un comparse et le maĂźtre-chanteur rĂ©clamait son dĂ».

 

Attraction charnelle, mensonge, pouvoir du sexe et de l’argent : Karine Tuil rejoint les thĂšmes de La Domination (NB novembre 2008) avec des phrases qui, dans leurs injonctions, couvent la fatalitĂ© du dĂ©nouement. Mais dans l’ombre fictive de ce fait divers se projette la saga d’une autre lignĂ©e, et le roman rattrape l’Histoire et la succession de faits sombres et infamants qui conduisirent durant la guerre Ă  l’enrichissement des Kant, propriĂ©taires de BMW. Cette confession d’un vieux majordome rĂ©veille la mĂ©moire, pose la question de la responsabilitĂ© des hĂ©ritiers et de la culpabilitĂ© en hĂ©ritage. Habilement construite, elle Ă©chappe Ă  toute pesanteur par sa prose narrative totalement maĂźtrisĂ©e. L’Ă©pilogue, qui rĂ©unit dans leur vulnĂ©rabilitĂ© une fille riche, pathĂ©tique et touchante Ă  son arriĂšre grand-pĂšre juif, est bouleversant.