Maï et Mouna

CASTANER Béatrice

Deux jumelles nées d’un père français et d’une mère burkinabé. Leur enfance s’est déroulée paisiblement entre deux continents, entre deux pays, et entre deux cultures, dans le respect absolu dans les deux familles de la culture de l’autre.

Il s’agit d’un récit d’enfance, une enfance fusionnelle marquée, quand vient l’âge de la parole et des serments, par un « Je ne t’abandonnerai jamais » écrit par Maï, alors même qu’elles vivent l’inéluctable expérience du « singulier ». Sans doute faut-il avaler le « nous » pour nourrir le « je ». Comment apprendre à se séparer ? Leur mère, intuitive, les y a préparées, en dépit de leurs ruses pour y résister. Comme s’il fallait toujours faire le deuil d’un autre, le dénouement ponctue peut-être inutilement cette déchirure… L’émotion vient suffisamment du récit rétrospectif qui construit le récit en un échange épistolaire où elle s’exprime en mots sous l’aiguillon de la séparation, en une histoire entrecroisée. Ce roman aborde aussi la question de la transmission :  celle, entrecroisée là aussi, des deux cultures dont la description sans effet démonstratif donne une dimension concrète aux souvenirs, celle, aussi, de la mère qui poursuit tout au long de leur vie commune l’enfantement de ses deux filles qui apprennent l’autonomie. La sensibilité de l’autrice, sans mièvrerie, sert une langue naturellement poétique, sans recherche de l’effet. (C.B et J.G)