M, le bord de l’abîme

MINIER Bernard

À Hong Kong, Moïra, séduisante Française, entre au département d’intelligence artificielle de Ming Inc., leader chinois du numérique. Sa mission ? Humaniser DEUS, un chatbot – robot vocal – qui va révolutionner les relations personnelles par son omniprésence amicale et éclairée. Mais dès son arrivée, un beau policier l’aborde et tente d’en faire son cheval de Troie. Il y a urgence : assassinats et suicides douteux s’enchaînent parmi les employés du Centre.   

M comme meurtre, M comme manipulation, M comme mal absolu : brillant mais aussi terrifiant, ce thriller visionnaire – semé de meurtres d’une sauvagerie sadique – tant il semble davantage tutoyer le réel que la science-fiction. On sait que Bernard Minier (Soeurs, NB juin 2018) excelle dans l’art d’atteler une intrigue policière millimétrée à un thème civilisationnel préoccupant. Brûlant même puisque la mainmise orwellienne de la Data lancée à la conquête de notre quotidien n’est plus qu’une question de temps, certaines des technologies décrites ici étant déjà en cours d’expérimentation. Dans cet eldorado capitaliste de Hong Kong, creuset de tous les vices et de toutes les misères, royaume des triades, il peaufine son art de faire monter l’angoisse. Qui, de l’humain ou du virtuel, l’emportera ? (C.G. et M.-N.P.)