L’Ukrainienne : Histoire de Nietotchka Vassilievna Iliachendo la déplacée

WINKLER Josef

En 1982, Josef Winkler (Requiem pour un père, Les Notes février 2013) se retire dans la montagne en Carinthie pour écrire son roman Langue maternelle. La fermière qui le loge lui raconte tous les soirs son enfance en Ukraine, la terrible famine organisée volontairement par Staline en 1932 puis la déportation par les Allemands en 1943. À quatorze ans elle est mise de force avec sa sœur dans un wagon à bestiaux à destination de l’Autriche pour y travailler dans une ferme.

Après une introduction de l’auteur – qui avait publié son livre en 1983 en allemand – le lecteur est immergé dans le témoignage brut et naïf, à la première personne, de cette femme simple et courageuse. Sa mère, avec qui elle a vécu une enfance fusionnelle et extrêmement rude mais qu’elle ne retrouvera jamais, est un personnage central et omniprésent. La description de l’Ukraine soviétique est glaçante et celle de la misère infligée à la population à la limite du supportable. Malgré les nombreuses digressions et répétitions retranscrites avec fidélité par l’auteur pour rapporter ces conversations au coin du feu, ce récit du destin tragique d’une femme déracinée est extrêmement touchant avec des souvenirs douloureux et toujours vifs. (V.A. et M.S.-A.)