L’Outil et les Papillons

Arseni Iratov, riche et séduisant architecte d’une cinquantaine d’années, se réveille un matin sans pénis. Ce dernier, combiné à sa belle figure et à un don pour la magouille, lui a permis d’accéder à la position enviable qui est la sienne. Sa femme actuelle, Vera, en est un peu marrie, mais elle est très aimante. Son pénis se réincarne à la campagne en un homoncule qui prend vite la forme d’un charmant jeune homme, baptisé Eugène par l’ado qui l’a nourri. Il part pour Moscou après l’avoir séduite. Quelques « victimes » plus tard, il arrive chez Iratov et se fait connaître. Le résumé simplifie une intrigue qui noue plusieurs fils : on suit en parallèle Iratov, Eugène, les ex et les quelques descendants qu’Iratov a semés sur son chemin, et un « ange » qui jalouse I’architecte, racontant avec détails le parcours de ce dernier. L’allusion au Nez de Gogol est claire, et peut-être permettra-t-elle aux russophiles avertis de comprendre exactement le sens de cette fable étrange et rocambolesque, qui se termine avec une gent masculine dépourvue de pénis comme de testostérone, ce qui garantit enfin à l’humanité une vie tranquille… Doué d’un art de la description des personnages, d’un style généreux et vigoureux, l’auteur offre un roman satirique savoureux, où sexe, désir, manipulation et ascension sociale tissent des liens vénéneux. (M.D. et M.T.D.)