L’Orient derrière soi

TUBEUF André

Papa, taciturne, Français sans famille ni héritage, est constructeur de voies ferrées au Moyen-Orient. Maman, gaie, originale, délicieusement orientale et sans davantage d’héritage, possède une immense famille levantine, installée en Orient depuis trois générations. Lui, blondinet séduisant vraiment très doué, s’imprègne dès la naissance des couleurs, des odeurs, du climat, des paysages, dans une ambiance ouverte et chaleureuse. Izmir, Istanbul, Alep…, les maisons, les jardins, les amis, les écoles (religieuses) se succèdent. À Beyrouth enfin, le baccalauréat, la mer, les camps de vacances et la guerre (1939/1945) qui y a conduit la famille… jusqu’au départ pour Paris et les classes préparatoires.  Vingt fois (ou plus !) dans ce récit autobiographique, l’octogénaire, philosophe et critique musical se plaint : il n’est nulle part chez lui, sans propriétés ni racines, jamais intégré, toujours différent… Agaçant, comme l’autoportrait naïvement complaisant. Mais le lecteur partage le quotidien d’un petit Français en Turquie et sa vision adolescente de la guerre à partir de Beyrouth. Le relief donné aux lieux, aux êtres aimés est saisissant, sensations, notations s’accumulent. L’auteur revit avec intensité les sentiments, les réflexions de l’enfant d’alors et offre un portrait amoureux, tendre et mélancolique de son Orient magnifique, à jamais disparu.  (M.W. et M.S.-A.)