L’Ombre du soleil

ALREFAI Taleb

Dans l’Egypte des années 90, le professeur d’arabe Hilmi vit chichement avec sa femme et son fils de quatre ans. Ils partagent l’habitation des parents et la cohabitation n’est pas simple, d’autant que la dépendance financière s’ajoute à la promiscuité. Bravant la désapprobation de son père, Hilmi s’exile au Koweït, là où travail et argent abondent. Il doit obtenir un visa équivalent à trois ans de salaire, accepter des postes sans qualification, des compromissions. Une expérience qui tourne mal.  L’auteur, (Ici même, NB mars 2016) connaît aussi bien le bâtiment, le génie civil que les pesanteurs de la société égyptienne. Il fait ressentir toute la détresse et le désarroi du travailleur exilé confronté aux démarches administratives conduites par des intermédiaires corrompus. Le soutien des cousins ne peut venir à bout de l’indifférence des grandes entreprises, qui profitent elles-mêmes de l’escroquerie des sous-traitants. La misère sociale s’inscrit dans un désert affectif et l’obsession d’un rêve devenu cauchemar. Dans un style vif, largement dialogué, l’auteur livre une autofiction dans laquelle il apparaît avec son identité, mais sous plusieurs masques. Il fait aussi appel aux personnages de Naguib Mahfouz et introduit ainsi une dimension imaginaire dans le réel. (J.D. et M.R.)