Loin de Ghadamès.

STOLZ Joëlle

Malika (Les ombres de Gadhamès, L.J.A. février 2000) ose, à seize ans, braver son père, pour épouser, et suivre, loin de sa ville, Abdelkarim le jeune homme aux idées trop ouvertes. Membre de la Senoussiya, confrérie associant le prêche de l’Islam et la lutte contre la présence étrangère, celui-ci a reçu une mission secrète. Il doit assassiner Frère Etienne, ermite roumi aux liens suspects avec l’armée française. De Tripoli à Tamanrasset, Malika , la volontaire, partagera avec Abdelkarim les dangers du désert, évoqué en très belles images.

Les tensions entre présence française et anglaise au Sahara, les prodromes de la révolte arabe sous le drapeau islamique au XIXe siècle, sont évoqués avec justesse. On regrette, pourtant, de voir le Père de Foucauld déguisé en Frère Etienne, assassiné comme lui pour les besoins du romanesque. La vérité des sentiments, la révolte des femmes refusant de voir l’une d’elles goûter à la liberté, l’effroi de Malika perdant ses repères, sa grande fermeté de pensée dans la lutte réfléchie pour la liberté, rendent le roman extrêmement attachant. On attend avec impatience de savoir si l’héroïne, pourra , avec un nouveau-né, échapper, aux conséquences de l’assassinat de l’ermite.