L’ogre odieux

JUSTER Norton, FEIFFER Jules

Gigantissime, trĂšs moche, il fait d’autant plus peur que sa rĂ©putation, trĂšs Ă©tendue, est Ă©pouvantable. Son existence est si facile qu’il a pris « la grosse tĂȘte » et se croit invulnĂ©rable. Il est Ă  la limite de l’ennui quand une rencontre inopinĂ©e donne un grand coup dans l’aile de son orgueil aussi dĂ©mesurĂ© que lui. Tant d’innocente candeur, c’est trop pour lui. Le voici dĂ©stabilisĂ©, dĂ©sarmĂ© et ça l’irrite beaucoup. Mais aucune de ses gesticulations (dĂ©mesurĂ©es elles aussi) n’atteint son but.

La profusion des adverbes, la tournure des phrases un peu longues et alambiquĂ©es, l’extrĂȘme richesse du vocabulaire et la densitĂ© du texte rendent la lecture malaisĂ©e pour un enfant seul. Il faut impĂ©rativement le lire avec lui. Ça commence un peu comme La belle et la bĂȘte mais la fin n’a rien Ă  voir. Le « coup » de la mort subite est dĂ©routant, dĂ©mesurĂ© lĂ  encore. On reste sur sa faim d’autant qu’on Ă©tait mis en appĂ©tit par un pique-nique plutĂŽt prometteur. La joliesse des aquarelles, leur cadrage drĂŽle et expressif, leur dynamisme dans le mouvement viennent trĂšs heureusement au secours de cette chute qui coupe court Ă  bien des effets.