L’hôpital maritime

RUFFENACH Pascal

2 Octobre 2007. Il sait que c’est la fin du voyage. C’est sur un brancard qu’il a été admis dans cet hôpital situé au bord de l’Atlantique. Un endroit où on ne reste jamais longtemps. Il arrive avec des blocs entiers de souvenirs : parents – enfants – amours. Il pleure sur le ratage de sa vie. Flux, reflux, le temps disparaît. Sur la dune, Notre-Dame-des-Sables veille, la cloche sonne « maintenant et à l’heure de notre mort ». La silencieuse, une des patientes, lui transmet une sorte de sérénité tout comme cette soignante, douce et jeune, qui l’accompagne, lui, le vieillard, vers un autre rivage. Pascal Ruffenach, dont c’est le troisième ouvrage a eu l’idée (!) de rédiger le journal d’un agonisant. Incroyablement, il réussit cet exercice avec délicatesse, poésie et spiritualité. Rien ne manque à l’évocation de cette proximité avec la mort : la souffrance, la solitude, l’oubli, le désespoir, l’espérance. Sans pathos, tout est dit… L’environnement se dissout dans l’ombre dévorante. Le tempo de la phrase, sobre, économe, évoque symboliquement le rythme mélancolique des vagues.