L’évasion

MANOTTI Dominique

Italie, années 80. Tout commence par les évasions, l’une programmée, l’autre due au hasard, de deux détenus : Carlo, dix ans de lutte clandestine au sein de Brigades rouges, et Filippo, petit malfrat sans envergure qui partageait sa cellule. Passé en France, ce dernier se rapproche de l’ex-compagne de Carlo, brode une histoire, invente leur cavale, des noms et des complices. Il travaille son personnage de tueur de flic allant jusqu’à écrire un livre à succès qui agite les politiques de part et d’autre de la frontière. Adepte du roman noir social, Dominique Manotti brasse cette fois la fange italienne dans le sillage de Bien connus des services de police (NB avril 2010). Dans ce roman gigogne, l’engrenage du mensonge est incontrôlable, entraînant la suspicion et le réveil des vieux rouages gouvernementaux. Dominique Manotti travaille à la fois sur l’ambiguïté de son héros, un écrivain/voyou, et sur la distorsion dans l’écriture, entre les faits et la réalité. Il débusque les tensions au sein des groupes émigrés politiques italiens et offre, par le truchement d’un texte vif, une intéressante réflexion tant sur l’affabulation et les milieux éditorialistes, que sur l’Italie des années de plomb.