Lettres à des photographies

BARON SUPERVIELLE Silvia

Elle avait deux ans lorsque sa mère est morte. Le silence des adultes en obscurcit la mémoire, les traces en disparurent presque toutes. Subsistent cinq photographies, inlassablement scrutées, commentées. Elles ont été volées par Silvia enfant, grandissant dans une famille où la disparue n’avait plus sa place. Elles sont en partie reproduites dans ce recueil, la beauté et le regard triste de la jeune morte s’en dégagent avec une douceur insistante. Aujourd’hui, Silvia écrit à ces photos, son bien précieux, en cent soixante lettres mélancoliques, où se dessinent le manque jamais comblé, les bras ouverts jamais retrouvés. L’histoire familiale – y apparaît Supervielle le poète –, et celle de la patrie lointaine – l’Uruguay, Montevideo –, les souvenirs grappillés ici et là, et parfois le quotidien de l’auteur (Une simple possibilité, NB mai 2004) servent de support à cette élégie légère, écrite dans une subjectivité poétique et répétitive que la sensibilité du lecteur pourra ou non partager.