Les Renards pâles

HAENEL Yannick

N’ayant plus qu’une petite allocation chômage, cet homme seul décide de vivre dans la voiture prêtée par un ami. Il parcourt à pied le 20e arrondissement, fait des rencontres, découvre la peinture murale d’un animal sacré malien, le Renard pâle, incarnant rupture et autonomie, et des inscriptions appelant à la révolte contre un régime qui exclut les sans-travail et les sans-papiers. La mort de deux hommes traqués par la police après la tentative d’expulsion d’une famille africaine déclenche l’insurrection : une foule silencieuse et masquée défile pour protester contre toutes les formes d’asservissement. Prélude à une remise en cause radicale de l’ordre établi ? Après Jan Karski (NB octobre 2009), en deux tableaux rapides, Yannick Haenel prône la résistance contre une société avide et déboussolée qui exclut ceux qui ne rapportent pas. Ici tout est symbole : le masque dogon et la destruction des papiers par ceux qui en ont sont le refus d’une identité contrôlée par l’État et le désir d’appartenance à une communauté chaleureuse. L’ambiguïté de ce petit livre, émaillé de formules percutantes et bien écrit, est de mélanger de manière un peu artificielle, la réalité sociale actuelle avec un avenir utopique qui relève du conte.