Les nombres

PELEVINE Viktor

Stiopa a depuis toujours conclu un pacte avec Les nombres. Le 34 a régi tous ses choix : sa carrière réussie de banquier, ses gardes du corps tchétchènes, ses relations avec son adjointe britannique, elle-même adepte du 66… Mais Stiopa craint avant tout son double infernal, le 43, qu’il reconnaît chez les autres, il redoute son 43e anniversaire. Dans la Russie de Poutine, où toutes les corruptions et les folies sont normales, Stiopa échappera-t-il à la fatalité des nombres ? Représentant important de la littérature postcommuniste, Viktor Pelevine s’inscrit dans la tradition russe de Gogol et de Boulgakov et, comme dans ses romans précédents, propose une fable où la dérision le dispute à l’absurde. Dédié à Freud et Dzerjinski, le roman dresse le portrait d’un homme ordinaire qui, pour trouver du sens à une vie déboussolée dans une société folle, la confie aux nombres, illusion de rationalité. L’auteur peint avec talent des personnages aux allures de « Pokémon », violents et excessifs, et des situations ubuesques. Sous sa plume parodique, apparaît, par touches acides, la Russie d’aujourd’hui, livrée à l’affairisme cynique, toujours noyée de vodka. Drolatique, déroutant  par ses nombreuses allusions à la civilisation russe, ce roman de l’absurde séduit.