Les grands

Guitariste renommé de Guinée-Bissau, Couto a connu le succès international dans les années soixante-dix avec la formation Mama Djombé. Dulce, chanteuse à la voix d’or et son premier amour, en était l’égérie. Dans un milieu révolutionnaire hostile aux occupants portugais, elle a épousé, sans l’aimer, un ancien chef rebelle. La destinée de Couto sombre alors dans la médiocrité bien qu’il conserve l’aura de son passé. Quand il apprend le décès de la cantatrice, il erre en ville et rencontre d’anciens compagnons, des connaissances – complaisantes ou indifférentes – des jeunes prometteurs. Il envisage de reconstituer un groupe qui se produirait lors d’une soirée à vocation politique. L’Afrique a, par le passé, souvent inspiré Sylvain Prudhomme (Les matinées d’Hercule, NB juillet 2007). Au coeur des violentes luttes qui ont marqué la libération des anciennes colonies portugaises, notamment celles de Bissau, son roman décortique les mouvements favorables ou hostiles au gouvernement où d’anciens rebelles régissent tant bien que mal une population misérable. L’écriture hachée a fréquemment recours au créole guinéen dont les répétitions nourrissent la couleur locale. Mais l’intrigue n’en est pas passionnante pour autant.