Coeur tambour

MUKASONGA Scholastique

La chanteuse rwandaise Kitami entrait en transe dĂšs que grondaient les tambours de ses accompagnateurs, improvisant des chants souvent incomprĂ©hensibles. Sa mort brutale est l’occasion de s’interroger sur ses rapports avec les tambours, notamment celui du Rwanda, Ă©norme, qui trĂŽnait au milieu de la scĂšne. Qu’entendait-elle vraiment ? Pourquoi lui parlaient-ils, Ă  elle, petite fille solitaire vivant dans les collines et devenue une icĂŽne ? Princesse, prĂȘtresse, sorciĂšre ?  Entendez-vous ce martĂšlement lancinant ? Il s’agit du son des tambours que la Rwandaise Scholastique Mukasonga (Notre-Dame du Nil, NB mai 2012) fait retentir dans ce conte fabuleux qui nous entraĂźne d’Afrique aux CaraĂŻbes ainsi qu’Ă  New York. L’auteur Ă©voque l’origine du mouvement Rastafari, ses tambours et son esprit de libertĂ© et d’égalitĂ©, inspirĂ© par l’empereur d’Ethiopie, envoyĂ© de Dieu. Elle mĂ©lange avec fougue les lĂ©gendes et les esprits (vaudou, Nyabinghi…). Et, dans un langage colorĂ© et chaud, une Ă©criture lumineuse, elle parle de son pays, ses coutumes et ses croyances ancestrales, son peuple, ses sorciers, la magie africaine, mais aussi les prĂ©mices de sa tragĂ©die. Si le foisonnement des noms de tambours rend la lecture parfois difficile, on se laisse prendre par cet univers Ă©trange qui rĂ©sonne en nous. (P.B. et M.Bo.)