Les fables du moineau

TCHAK Sami

Un moineau bavarde avec un baobab : l’oiseau vient d’échapper aux griffes d’un chat en se perchant sur la branche de l’arbre. Qui, de l’un, centenaire, ou de l’autre, insignifiant, est le plus faible, lequel rĂȘve d’avenir, lequel est riche de souvenirs ? se demandent-ils. Et voilĂ  le moineau investi d’une mission : il va raconter, raconter inlassablement les choses de sa vie. Aboubakar, le fils du forgeron du village, lui donnera la rĂ©plique.

  Suivent de brefs rĂ©cits oĂč alternent Ă  Ă©galitĂ© les deux voix, l’une porteuse de l’expĂ©rience de la nature, l’autre de la mĂ©moire du village. En dĂ©pit du titre, ce ne sont pas des fables : Ă  la fin de ces historiettes, pas de leçon de morale ! C’est un florilĂšge pittoresque d’instants vĂ©cus, porteur d’une philosophie de l’existence : l’illusion d’éternitĂ©, la cruautĂ©, la souffrance, qu’importe tout cela face Ă  la mort qui nous inscrit tous, du plus humble au plus grand, dans la chaĂźne de la vie ? Ni rĂ©volte, ni fatalisme ; de l’observation menue de l’agitation universelle naĂźt une sagesse, une vĂ©ritĂ© que la parole, dans un dialogue sans emphase, fait circuler. Ce texte dĂ©cidĂ©ment inclassable est servi par la trĂšs grande poĂ©sie d’une langue sans affĂ©terie. (C.B. et J.G.)