Les Événements

ROLIN Jean

Pied au plancher, évitant les débris, il descend le boulevard Sébastopol, traverse quelques barrages filtrants, reprend sa route vers Châteauneuf-sur-Loire où l’attend un ancien ami. La France est en guerre en ce début de printemps. L’armée régulière, les milices autochtones, plus celles venues d’ailleurs tiraillent et se bombardent mutuellement, snipers et pillards s’activent, les civils s’enfuient ou subsistent, forces onusiennes et reporters internationaux constatent. Dans les champs abandonnés poussent les fleurs sauvages, les herbes folles enlacent quelques cadavres, bergeronnettes et grues cendrées sont de retour. À Châteauneuf, l’ami dirige une milice d’extrême droite et Victoria, amante d’autrefois, veut fuir. La route se poursuit avec elle… On ne devine pas grand chose du narrateur, comme d’habitude avisé (Le Ravissement de Britney Spears, NB octobre 2011), pondéré, impavide. Quel but poursuit-il ? S’il en poursuit un. Il relate calmement son voyage, topographie, toponymie, botanique, ornithologie à l’appui. Cette application promeneuse contraste avec Les Événements. Le style monocorde maintient la tension entre récit pastoral et apocalypse, s’illuminant brièvement d’une étincelle ironique. Jean Rolin laisse le lecteur s’égarer dans le réseau routier berrichon tandis qu’à l’arrière-plan, il poursuit une réflexion mélancolique sur les guerres, les destins et les relations humaines. Un voyage à faire…