Les dingues.

GIBEAU Yves

Intégré dans un journal à grand tirage par le bon vouloir de son directeur, David Haine, ancien plongeur dans un restaurant, observe le monde journalistique d’un oeil distancié. Le directeur, tout entier dévoué à son métier, domine, en autocrate patelin, sa tribu d’employés dont la médiocrité ordinaire laisse Haine au bord de l’écoeurement. Un seul personnage, Scalby, vrai journaliste fourvoyé dans cette équipe de bras cassés, l’intéresse vraiment. Son alcoolisme est, pour qui sait le voir, la marque de son humanité et de ses désillusions. Une amitié naît entre ces deux hommes qui se reconnaissent comme bien différents des « dingues » qui les entourent. Ce roman, inspiré des déconvenues personnelles de l’auteur, connu pour son livre Allons z’enfants (N.B. mars 1953), trace un portrait sévère de la nature humaine. Il n’y a pas ici de personnages en demi-teinte : flagornerie, mesquinerie et arrivisme s’opposent à un idéalisme broyé par la réalité. Une grande amertume sous-tend ce texte au style intimiste.