Les deux mages de Venise

ANDRÉ Philippe

Richard Wagner, ĂągĂ© et malade, sĂ©journe dans un palais vĂ©nitien en 1882 avec sa chĂšre Cosima. Tout en se plaignant sans cesse de sa santĂ©, il raconte Ă  sa femme ses dĂ©ambulations avec son beau-pĂšre Franz Liszt, quand il vient Ă  Venise. Les deux hommes s’entendent fort bien, errent ensemble dans les ruelles, puis rencontrent une famille Ă©trange qui se rĂ©clame du poĂšte Milton. Tous dĂ©cident alors de crĂ©er un opĂ©ra sur le thĂšme du « Paradis perdu », avec l’aide d’un fabricant d’automates. La reprĂ©sentation, donnĂ©e dans un bateau Ă©chouĂ©, tourne Ă  la bacchanale… Ce premier roman, oeuvre d’un psychiatre musicien, laisse une large place au dĂ©lire. Dans un long plaidoyer trĂšs direct, Wagner, le narrateur, tutoie sa femme et l’affuble des qualificatifs les plus bizarres. TrĂšs vite, le texte, hallucinĂ©, semĂ© de borborygmes et de mots inventĂ©s, emmĂšne le lecteur dans les rĂȘves supposĂ©s de Wagner qui paraĂźt au bord de la folie – Liszt n’Ă©tant pas en reste. Malheureusement, les quelques rĂ©miniscences musicales et les rares Ă©vocations de Venise ne sauvent pas cet ouvrage sophistiquĂ©, torrentiel et cauchemardesque.(D.C. et C.Bl.)