Les derniers Indiens

LAFON Marie-HĂ©lĂšne

Dans un hameau reculĂ© du Puy-de-DĂŽme, un frĂšre et une soeur vieillissent Ă  pas feutrĂ©s, dans une confrontation muette. Ils sont les derniers de la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration des Santoire, et demeurent reclus dans la ferme que leur mĂšre tenait d’une main d’acier. Leurs mornes annĂ©es n’ont jamais Ă©tĂ© Ă©gayĂ©es que par la prĂ©sence exubĂ©rante des paysans de la ferme voisine. Petite fille dĂ©jĂ , Marie observait avec envie de sa fenĂȘtre les robes fleuries qui sĂ©chaient au vent ou les jeux turbulents des enfants. Mais sa mĂšre, figĂ©e dans un orgueil fĂ©roce, tenait au respect des classes et lui interdisait de les cĂŽtoyer. Ainsi Marie a-t-elle renoncĂ© peu Ă  peu Ă  tous ses dĂ©sirs.  La construction Ă©clatĂ©e rĂ©vĂšle par fragments le passĂ© des deux familles, l’une jouissant bruyamment de la vie et l’autre s’éteignant dans le silence. À l’écriture subtile des prĂ©cĂ©dents romans (cf. Organes, NB fĂ©vrier 2006), s’ajoute la scansion singuliĂšre des phrases qui traduit les tensions, le poids des non-dits, les dĂ©sastres causĂ©s par l’autoritĂ© maternelle, avec une remarquable force de suggestion.