Les Demoiselles

HUON Anne-Gaëlle

Rosa avait quinze ans lorsqu’en 1923 elle est partie Ă  pied de son village espagnol vers l’autre cĂŽtĂ© des PyrĂ©nĂ©es. À MaulĂ©on, les manufactures d’espadrilles employaient de jeunes Ă©trangĂšres pendant l’hiver. Voyage pĂ©nible, conditions de vie effroyables jusqu’à l’accueil chez les Demoiselles, de drĂŽles de personnes, au passĂ© sulfureux, au train de vie fastueux. AprĂšs plusieurs dĂ©cennies d’une vie trĂ©pidante, de rĂ©ussites brillantes et de dĂ©ceptions, Rosa, la battante, trouve enfin la sĂ©rĂ©nitĂ©.

Ce roman de dĂ©tente s’inscrit parfaitement dans le genre. Il y a de l’amour, beaucoup d’émotion, l’intĂ©rĂȘt pour un artisanat local, l’attachement Ă  la rĂ©gion. Mais en mĂȘme temps il sort de l’ordinaire ; Anne-GaĂ«lle Huon, en phrases courtes, efficaces, mĂšne tambour battant un rĂ©cit original qui fait vibrer chaque page et dĂ©gage une incroyable Ă©nergie. Avec elle, le luxe devient loufoque tandis que les ateliers sinistres tirent les larmes ; Paris brillait Ă  l’heure des « cocottes » de la Belle Ă©poque et des AnnĂ©es folles. La misĂšre cache toujours des secrets sordides. L’extravagance passe par lĂ , Charlie Chaplin apparaĂźt, les espadrilles emperlĂ©es, enrubannĂ©es de soie, triomphent en AmĂ©rique, les images se succĂšdent, toujours plus inventives. L’ancrage dans l’Histoire apporte sa part de rĂ©el et complĂšte la rĂ©ussite de ce coup de cƓur. (V.M.)