Les carcérales

WIÉNER Magali

Ce soir, ça va dé-chi-rer ! C’est ce que croyait Rodrigues en se rendant au concert de « Nuit Rouge », d’autant qu’Aurélie sera au micro et qu’il en est fou amoureux. Entre bière et musique, tous deux se laissent bercer : cette nuit d’amour leur laissera un souvenir impérissable. Si Rodrigue avait su ! Le lendemain, Aurélie porte plainte pour viol et c’est l’engrenage : garde à vue, Brigade des mineurs, Dépôt, Fleury Mérogis et sa suite de quartiers. Des interrogatoires tricotés par des pros, il ne comprend rien : on le veut coupable, lui se pense victime d’une erreur monstrueuse dont il n’aura pas raison. Roman itinéraire en cinq parties, définies par cinq verbes aussi froids et tranchants que des verdicts de cours d’Assises. Crudité et cruauté s’entremêlent dans ce récit écrit à la première personne. La fiction évoque de manière très précise la réalité : celle du monde carcéral, de ses manques et de ses vices. Humiliations, petits caïds et grosses provocations mènent un train d’enfer où la violence est le seul moyen de survie : rude leçon que le héros tient du seul ami qu’il ait dans la place, le seul aussi à le conduire à s’interroger, en son âme et conscience, sur sa culpabilité. Une peinture implacable, au rythme saccadé à coup de phrases lapidaires comme la révolte qui monte inexorablement.