Les Bonnes Gens

HUNT Laird

Vers 1860 dans le Kentucky, Ginny est la jeune Ă©pouse blanche de Linus Lancaster, fermier grossier et cruel, Ă©leveur de porcs. Il la tyrannise puis la dĂ©laisse, abuse de ses deux esclaves noires, leur infligeant des sĂ©vices auxquels, par jalousie, Ginny participe. AprĂšs la mort de Linus, elles se vengent en soumettant Ginny Ă  d’insoutenables tortures. DĂ©finitivement brisĂ©e, mutilĂ©e, celle-ci refuse tout autre avenir et essaie de transmettre tous ses souvenirs au dernier survivant noir de cette tragique Ă©popĂ©e, qui est Ă  la recherche de son identitĂ©, de ses racines et lieux de mĂ©moire. Pour trouver la cohĂ©rence de cette histoire, oĂč l’auteur (New York n°2, NB dĂ©cembre 2010) prend le lecteur en otage, il faut en rassembler les faits prĂ©cis, racontĂ©s Ă  plusieurs voix et rĂ©partis dans des rĂ©cits sĂ©parĂ©s ou des confessions, Ă©maillĂ©s de retours en arriĂšre et d’hallucinations violentes. SymbolisĂ© par le porc, Ă  la fois victime et agresseur, le mal ne suscite ni jugement moral ni rĂ©demption. Une fin plus sereine, des images poĂ©tiques, parfois Ă  la limite du fantastique, marquent ce roman puissant, dĂ©rangeant, Ă  la construction complexe, tĂ©moignage implacable sur l’esclavage et le racisme aux États-Unis.