Le voyant d’Étampes

QUENTIN Abel

Jean Roscoff, ancien militant de SOS Racisme et universitaire spécialiste du maccarthisme, prend sa retraite à soixante-cinq ans, avec un sentiment d’échec. Pour s’occuper, il rédige, à partir de notes de jeunesse, un essai sur Robert Willow, un poète américain oublié, un temps communiste engagé, et qui s’est retiré à Étampes avant de mourir dans un accident de voiture. Roscoff ne sait pas encore que ce texte consacré à un écrivain noir, et qu’il intitule Le Voyant d’Étampes, déclenchera une tempête médiatique.

Abel Quentin, avocat pénaliste, se penche ici sur la République des Lettres et sur le milieu universitaire parisien pour mettre en scène l’intelligentsia française, de l’après-guerre jusqu’à maintenant. Il étrille dans des portraits satiriques brillants quelques intellectuels engagés, émules de Sartre, dont il souligne l’influence dans les débats sur le communisme et l’identité. Dans cette fiction à la première personne, le protagoniste, anti-héros universaliste, admirateur de Camus, découvre, entre autres curiosités de notre époque, avec un humour décapant et une saine autodérision, l’appropriation culturelle. Un Blanc ne serait pas légitime pour parler d’un poète noir… L’auteur expose clairement les débats actuels sur le racisme et souligne le « terrorisme intellectuel » qui, à l’heure d’internet, déchaîne des cabales incontrôlables. Un roman magistral avec un coup de théâtre final digne des meilleurs thrillers. (A.K. et A.Be.)