Le vol de la Joconde

1911. Apollinaire et Picasso déambulent dans Paris. L’heure est grave : dans une valise, dérobées naguère au Louvre par un escroc, deux têtes antiques dont Picasso s’est inspiré pour Les demoiselles d’Avignon et qu’il garde au Bateau-Lavoir. Or la Joconde vient d’être volée et l’escroc bavard prétend connaître le commanditaire. La police va sûrement remonter jusqu’aux deux artistes ! Que faire ? Jeter les statues dans la Seine ? Les confier à un de leurs amis – presque tous étrangers et expulsables comme eux ! – ou trouver un receleur insoupçonnable ?…  Dan Franck (La société, NB mars 2015) semble s’être beaucoup amusé dans cette fiction. Il bouleverse allègrement la chronologie et intervient régulièrement. Ses héros croisent les peintres méconnus de l’époque, des poètes aussi, riche galerie de futurs génies, mais croqués ici à travers leurs pires défauts : paranoïaques, obsédés, alcooliques, drogués, illuminés, carrément cinglés… Même Matisse est ridiculisé ! On rit parfois – trouvailles ou blagues recyclées – mais les copieux dialogues ont un côté potache et le burlesque quasi cinématographique de la pérégrination – chacun essayant constamment de refiler la lourde valise à l’autre – désarçonnent un peu le lecteur sérieux qui se croyait en terrain familier. (M.Bi. et M.-C.A.)