Le prix

RYCHNER Antoinette

Dans une piĂšce de l’appartement oĂč il vit avec sa femme S et son fils Mouflet, un sculpteur attend que sorte de son nombril un « Ropf », crĂ©ature organique gluante et vaguement humaine, qu’il façonnera avant de l’envoyer au jury du Prix. Comme Ă  chaque fois, il attend la lettre qui lui dira s’il a gagnĂ© ou non ce prix qui le consacrerait enfin et justifierait les efforts qu’il impose Ă  ses proches pour arriver Ă  « crĂ©er ». Avec ce premier roman, l’auteur reprend le thĂšme de la crĂ©ation artistique, vĂ©cue ici comme une grossesse, entre angoisse et espoir. L’artiste donne vie Ă  son oeuvre et ressent son Ă©chec devant le jury comme une atteinte Ă  sa valeur de crĂ©ateur. Antoinette Rychner peint ce monde des galeries d’art, peuplĂ© de gens en place parfois minables, jaloux, avides de reconnaissance. Dans une langue riche, lyrique, familiĂšre aussi, elle raconte avec tendresse et humour le conflit entre la vie familiale et la vie professionnelle, l’envie de solitude et le bonheur conjugal : Ă©goĂŻsme et exigences du mari-artiste, patience et gĂ©nĂ©rositĂ© de sa femme… Ce rĂ©cit en forme de monologue, plein de burlesque et de fantastique, est rĂ©jouissant (Ă  condition d’entrer dans le jeu). (B.T. et E.L.)