Le Poilu

RESSÉGUIER Olivier de

Deux compĂšres, le longiligne et batailleur Jean et le petit disgracieux Louis, vont de ville en ville, vivant de tricheries et de rapines, portant dans un sac la tĂȘte bien vivante,  bavarde et indestructible du comĂ©dien Charles, ramassĂ©e dans le thĂ©Ăątre d’une bourgade dĂ©sertĂ©e. Tout le pays vit dans la crainte de l’irruption du Poilu, un monstre humain exterminateur, puissant comme cent armĂ©es, dont seul l’Indien Miguel sait l’origine.

 Que de pĂ©rĂ©grinations, d’aventures et de figures extravagantes  dans cet univers fantasque aux villages d’aspect moyenĂągeux et aux landes ou forĂȘts pouvant Ă©voquer l’AmĂ©rique du Sud ! Le rĂ©cit est aussi dĂ©liĂ© que le dessin. Noir et blanc, trait souple et incertain, bulles dĂ©mesurĂ©es ectoplasmiques, visages dĂ©formĂ©s ou approximatifs, surfaces veloutĂ©es de gris ou tachĂ©es de charbon donnent un sentiment d’irrĂ©el – fatigant Ă  la longue – Ă  cette espĂšce de western dĂ©jantĂ© oĂč on se massacre gentiment en permanence. Le foisonnement des pĂ©ripĂ©ties et quelques imprĂ©cisions narratives exigent un peu d’attention. Un conte dĂ©bridĂ©, dĂ©concertant, Ă  l’instar du titre : le Poilu n’a pas un poil !