Le masque de l’Afrique

NAIPAUL V.S.

Quelques survivances de cultures anciennes observĂ©es en Ouganda, NigĂ©ria, Ghana, CĂŽte-d’Ivoire, Gabon et Afrique du Sud sont analysĂ©es ici dans leur Ă©volution sur les quarante derniĂšres annĂ©es : appartenance au clan, recours aux mĂ©diateurs, rois ou sorciers, culte rendu aux dieux, pratique de lieux saints, bois sacrĂ©s, jardins de source de vie, tombes mythiques, etc. Toutes confirment qu’au sein des bouleversements chaotiques du dĂ©veloppement postcolonial subsiste un noyau dur original de la spiritualitĂ© africaine. Des contradictions induites et de la grande pauvretĂ©, Ă©merge une identitĂ© fragmentĂ©e et disparate oĂč de nombreux Africains cherchent, dans le dĂ©sarroi, une cohĂ©rence.

 

C’est en touriste Ă©clairĂ© et observateur infatigable que V.S. Naipaul, prix Nobel de littĂ©rature 2001 (Le regard de l’Inde, NB mars 2010), aborde cette interrogation lancinante concernant l’Afrique noire : quel avenir pour ce puzzle identitaire dans lequel rites et pratiques traditionnels cohabitent avec islam, christianisme et modernitĂ©, selon un Ă©quilibre prĂ©caire que les intĂ©ressĂ©s eux-mĂȘmes peinent Ă  se reprĂ©senter ? Avec la puissance concise des grandes plumes, une luciditĂ© implacable et un franc-parler que seule son intelligence des autres rend tolĂ©rables, l’auteur se fait anthropologue rĂ©solument subjectif. En quelques monographies lumineuses, il signe un ouvrage percutant et tragique sur l’immense continent Noir.