Le maréchal absolu

JOURDE Pierre

En Hyrcasie, le coup de force du Maréchal a raté. Tandis que l’intérieur du pays se déchire entre factions rivales et que le tyran se cramponne à un pouvoir fondé sur la terreur, les Services (secrets) font et défont les destins, dans l’ombre. Finalement le Maréchal est capturé et exécuté. Le Maréchal, ou son double ? Amorcé au coeur de la conscience d’un tyran mégalomaniaque et diabolique, un monologue en apparence simplet n’en finit pas de se dérober et renaître dans divers témoignages attestant qu’un Maréchal peut toujours en cacher un autre. Dans un exercice de déconstruction et de démultiplication aussi époustouflant que bouffon, Pierre Jourde (Le Tibet sans peine, NB maars 2008) livre, avec l’Hyrcasie et son potentat ubuesque, une combinaison géopolitique très personnelle des systèmes contemporains (désordres postcoloniaux, libéralisme en crise, Printemps arabes…). À sa façon inimitable, quelque part entre  Les Tontons flingueurs et l’univers de Tolkien, ce provocateur réussit, avec des personnages délirants, et sans un seul dialogue, à créer un interminable monstre de papier et de mots, qui se conquiert plus qu’il ne se lit. Talentueux défi à la sclérose littéraire ambiante, prodigieux canular ? À coup sûr un stupéfiant marathon métaphorique, qui ne peut que provoquer.