Le livre de Dave

En 2000, Dave parcourt les rues de Londres avec son taxi, hanté par son mariage raté. Rejeté par sa femme, la belle Michelle, privé de son fils, il sombre dans la dépression. Misogyne, raciste, bourré de tranquillisants, il écrit en cockney sa colère de mari trompé, de père désavoué, de chauffeur de taxi misérable. En l’an 2500 son livre est retrouvé et devient la bible du peuple inglais. Contrôlés par des Chauffeurs, les hommes et les femmes vivent séparément, les enfants alternant entre les deux mondes. Les papas discutent et psalmodient, les mamans travaillent. Tous parlent le mokni.

Will Self livre un roman d’anticipation insolite et troublant, à l’organisation sociale stupéfiante, aux créatures fantasques. L’imagination et l’inventivité linguistique déjà présentes dans No Smoking (NB décembre 2009) sont poussées à leur paroxysme, confirmant un talent littéraire indéniable. Les personnages bien campés rendent la critique de la vie moderne et de ses dérives sectaires incisive. Le saut d’un chapitre à l’autre du XXIe au XXVIe siècle est éprouvant, tant les changements de langue, les élucubrations de Dave et les retours en arrière déroutent. Il faut cependant souligner la prouesse du traducteur qui a su rendre l’humour et la richesse de ce nouveau langage savoureux.