Le fantôme de Munich

BENAMOU Georges-Marc

Courant 1968, une journaliste américaine obtient d’interviewer Édouard Daladier, dernier survivant des signataires des accords de Munich des 29-30 septembre 1938. D’abord renfrogné, le vieil homme politique la laisse en tête-à-tête avec ses archives personnelles, puis finit par lui raconter sa perception des treize longues heures qui ébranlèrent le monde. Ce soi-disant récit bascule alors adroitement dans le romanesque, certes étayé de solides références historiques. La narration s’étend longuement sur la personnalité des quatre Grands et de leur entourage, leurs liens réciproques, les manoeuvres sournoises et les arrière-pensées des protagonistes. Le portrait de Daladier, isolé, velléitaire, peu courageux, gaffeur, est aussi cruel que ceux de Chamberlain le pacifiste, du tonitruant Mussolini, voire d’Hitler, colérique mais maître du jeu.

 

Georges-Marc Benamou, journaliste, écrivain politique versé dans l’Histoire contemporaine (Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez, NB juin 2001), peint un tableau d’une causticité cinglante (Benes, le président tchèque, critiqué pour son acharnement à sauver son pays !), peu flatteur mais original et pathétique, de ce duel démocratie/dictature.